Entrevue avec Julie Labrie à la radio de Radio-Canada: Suivre la direction que prend le marché du travail canadien
J’ai été interviewé récemment à l’émission Pas Comme d’habitude à la radio de Radio-Canada, et le sujet de discussion portait sur la direction que prend le marché du travail canadien. Nous avons discuté du nombre de personnes qui ont quitté leur carrière dans des secteurs spécifiques depuis la pandémie, et du fait que la « flexibilité» est toujours le facteur le plus important pour attirer les talents aujourd’hui. Les employés ne sont tout simplement pas intéressés à revenir au bureau cinq jours par semaine. Ils veulent pouvoir travailler à domicile au moins 2 à 3 fois par semaine en moyenne.
La semaine de travail de quatre jours a également été abordée dans notre conversation, et comment de telles structures peuvent donner à la main-d’œuvre encore plus de flexibilité pour un meilleur équilibre entre la conciliation travail-famille.
Ces discussions m’ont fait réfléchir à la façon dont nous assistons aujourd’hui à un changement de mentalité beaucoup plus important dans les milieux de travail canadiens. Les exigences de flexibilité et les privilèges du télétravail, ou même l’attrait pour un arrangement de semaine de travail de 4 jours par exemple, ne sont que des indicateurs de changements tectoniques importants qui, en surface, sont invisibles. Considérez par exemple:
Passer de « Vivre pour travailler » à « Travailler pour vivre » : Dans de nombreuses régions du monde, les cultures sociétales mettent l’accent sur la vie d’abord et ensuite sur le travail, mais dans les cultures nord-américaines, une norme acceptée depuis longtemps plaçait les besoins professionnels au-dessus des besoins personnels. Cette hiérarchie se dissipe rapidement aujourd’hui. La pandémie et notre expérience subséquente de télétravail de plus de deux ans à l’échelle du Canada ont démontré aux employés qu’il était possible de mettre davantage l’accent sur la vie et qu’ils se sentaient mieux. Ainsi, aujourd’hui, de nombreux travailleurs quittent des industries qui ne leur donnent pas l’équilibre de vie qu’ils recherchent, et recherchent consciemment d’autres options plus flexibles ou simplement « démissionnerons silencieusement » leur emploi. Par conséquent, les chefs d’entreprise et les responsables des ressources humaines devront réfléchir à la façon dont ils « vendent » leurs opportunités d’emploi aux employés potentiels. Ce virage vers la vie d’abord et le travail ensuite est un fort courant sous-jacent dans les décisions des candidats d’accepter des offres d’emploi aujourd’hui.
Nous entrons dans « l’ère du non-compromis » : il y a cinq ans, il aurait été étonnant qu’un employé quitte son emploi et aille dans une autre entreprise uniquement sur la base d’une semaine de vacances supplémentaire. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les employés n’hésitent pas à quitter le navire s’ils ne peuvent pas obtenir les avantages qu’ils veulent. Et avec la pénurie de main-d’œuvre actuelle partout au pays, les chercheurs d’emploi ont la possibilité de trouver facilement d’autres emplois qui leur donneront ce qu’ils veulent. Cela signifie que les cadres et le personnel des RH doivent être beaucoup plus prudents dans l’établissement des politiques de l’entreprise et être attentifs lors de l’évaluation des demandes des employés – ces décisions se transforment rapidement en stratégies de rétention, plutôt qu’en simples décisions administratives qu’elles étaient auparavant.
Un nouvel accent sur le bien-être au travail : Prendre soin de soi n’est plus un terme qui s’applique exclusivement à notre vie personnelle. Les employés d’aujourd’hui s’attendent à ce que les entreprises assument de plus grandes responsabilités dans la protection du bien-être de leurs employés. Et il ne s’agit pas seulement d’avoir un excellent ensemble d’avantages sociaux. Aujourd’hui, on s’attend à ce que la haute direction – se prémunisse contre le surmenage et l’épuisement professionnel des employés. Les employées ne tolèrent pas les « mauvais patrons » et l’intimidation ou la toxicité en milieu de travail. Ils cherchent une entreprise qui fait la promotion de politiques en milieu de travail qui cultivent le bien-être mental. Pour les chefs d’entreprise et les responsables des ressources humaines, cela signifie adopter une approche beaucoup plus large et plus holistique pour favoriser le bien-être au travail – une approche qui a un impact sur les employés à la fois au travail et à la maison.
Alors que les milieux de travail et les politiques du Canada rattrapent les attentes des employés d’aujourd’hui, la bonne nouvelle est que ces changements permettent aux travailleurs d’être à leur meilleur mentalement. Cela peut conduire à une plus grande camaraderie, à une prise de risque plus intelligente et à l’innovation de la part des employés, ce qui peut entraîner une croissance plus soutenue de l’entreprise.